En 2015 c’est la fin de l’école, il faut entrer sur le marché du travail. J’ai 23 ans, je ne me sens pas capable de quoi que ce soit, et j’ai toujours envie d’apprendre. On me suggère de poursuivre en Thèse, ça me semble bien : je continue mes études mais je serai payée, et surtout ça me laisse un peu de temps pour savoir où je vais.

3 années passent, vissée à ma chaise de laboratoire. Les jours et les nuits s’enchaînent en salle blanche, en salle de culture, en salle de microscopie. C’est fascinant mais tellement exigeant. J’apprends à fonctionner dans un état de fatigue extrême, à tourner en mode zombie, tout en engrangeant mille nouvelles informations à la minute. Faire des calculs et prendre des décisions épuisée : ça me servira plus tard…

Ces trois années de Doctorat ont nourri ma passion pour les sciences, mais elles m’apprendront avant tout la persévérance. Le principe de la recherche, c’est qu’on ne fait que des choses qui – a priori – ne marchent pas (sinon ça s’appelle du développement). Donc tous les soirs, tu rentres chez toi, et ça n’a pas marché. Enfin jamais tout à fait, jamais comme tu voulais, jamais vraiment du premier coup. Il faut apprendre à voir le positif, à se féliciter de chaque petit pas, et à garder la motivation au max, coûte que coûte. Des enseignements qui, là encore, me servent encore aujourd’hui.

Durant tout ce temps, la mer est bien loin. Pas un week-end sur l’eau en trois ans, et cette décision qui en dit long (même si je ne m’en rends pas compte sur le coup) : je m’interdis de lire des récits de navigateurs car ça me donne trop le blues de ne pas être sur l’eau… 

Et puis la fin arrive, c’est la course pour finir les dernières expérimentations et rédiger la thèse. Et je réalise que je ne sais toujours pas où je veux aller…