Sasha Globe Sailor #6

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27 Novembre 2018, Casablanca, Maroc

Nous sommes toujours en fuite vers le Maroc pour nous abriter de la tempête qui arrive. La nuit tombe et nous voyons les lumières de la côte: terre en vue! (📷1) Mais en arrivant à Casablanca, nous ne voyons que des pétroliers et des gros bateaux de pêche: la marina promise n’a jamais été construite. 😱

Nous payons cher notre 2e erreur… Les autorités du port nous déroutent vers Mohammedia, à environ 30km au Nord. Ici c’est le calme avant la tempête : sans vent nous en avons pour au moins 3h de navigation. 😕

C’est un problème. Persuadée d’arriver à bon port le soir-même, je n’ai pas dormi depuis la fin de mon quart ce matin. C’est là ma 3e erreur ! Je suis debout depuis 2h du matin, il est bientôt 22h, et j’ai du mal à garder les yeux ouverts. Il faut dire que la fatigue accumulée pendant cette semaine en mer commence à se faire sentir. Mais il n’est pas question d’aller dormir. 🙅‍♀️

En effet, la navigation le long des côtes marocaines est réputée dangereuse à causes des filets de pêches mal signalés qui pourraient se prendre dans la quille. Il faut rester vigilant. Je m’installe donc à l’avant du bateau avec un projecteur et pour détecter un potentiel danger. La fatigue me rend très sensible au froid, mais je guette la surface de l’eau avec attention. 🧐

Léa me rejoint et propose de me remplacer. Je refuse dans un demi-murmure mais je m’endors déjà. Doucement elle me prend le projecteur des mains et me remplace à la veille. Une bonne heure plus tard j’émerge, toujours écrasée à plat sur le pont, à moitié emmitouflée dans le génois pour me protéger du vent qui s’est levé. Léa est toujours à mes côtés. Je lève les yeux et son doux sourire me réchauffe le cœur. ☺️

Je n’ai jamais été aussi heureuse de jeter l’ancre au milieu de raffineries pétrolières.⚓️ Nous mouillons derrière la digue du port, juste à temps : la tempête fait rage dehors. 💨 Impossible d’entrer dans la marina, car nous n’avons pas de carte nautique à bord, donc aucune idée de la profondeur là-bas. Nous ne mettrons donc pas pied à terre ce soir. Pour la douche c’est plié. Ma dernière douche remonte à 9 jours : on n’est plus à un jour près.🤣

On enlève nos cirés trempés et on s’installe pour se faire un bon repas chaud. Je mets de l’eau à chauffer et m’assied pour attendre. La suite ? On me l’a racontée. 🙄 Je me suis endormie quasi instantanément, avant même avoir reposé le briquet. (📷2)

Cet épisode est une vraie leçon de marin, car j’ai fait une très grosse erreur : il faut toujours garder des forces. On ne sait jamais ce qui peut arriver, aussi ne doit-on jamais relâcher sa vigilance tant que le bateau n’est pas à l’abri. À quelques heures près, avec ce changement imprévu de port, nous aurions pu prendre la tempête en pleine face. Aurais-je été capable de gérer cela dans l’état où j’étais ? 😶

En tant que skipper et que coureur en solitaire, cette erreur est grave. C’est une vraie leçon sur la gestion d’énergie à bord.