Puis j’entends parler du Mini et pour la première fois, je me dis que je peux faire ça en solitaire. Là, il va falloir porter ses ovaires. Là, on ne rigole plus : le Mini c’est 6m50 en solitaire, sans communication avec l’extérieur. Tu ne peux pas appeler tes parents quand tu as peur ou quand tu as besoin de bricoler l’électronique…

Un challenge complètement hors de ma portée et un peu débile ? Ça me parle !

Je me renseigne et je saisis l’envergure du projet – enfin, j’en entraperçois seulement 30%, et je m’en rendrai compte plus tard, mais tant mieux, sinon pas sûr que je me sois lancée…

En juillet 2019 je vais à Lorient sur le zodiac du coach suivre un entraînement. Les bateaux foncent à toute allure, complètement gîtés, pleine balle, avec leur unique skipper à l’avant en train de préparer les voiles. C’est la première fois que je vois un bateau aller aussi vite avec personne dans le cockpit ! Je suis fascinée. Et les skippers qui font des blagues, détendus, à l’aise sur leur petite fusée. Je veux leur niveau technique.

Alors je navigue tout ce que je peux en Mini, équipière d’un jour, bricoleuse du week-end, convoyeuse du lundi : on me voit dans tous les pôles et sur tous les supports. Je n’ai pas un sou en poche pour acheter le mien, mais je soigne des Minis comme s’ils m’appartenaient et je commence à m’entraîner et même prendre le départ de quelques courses.

Ingénieure + chercheuse = skippeuse

C’est en mettant le pied au cœur d’un projet Mini que je réalise à quel point je suis à ma place. Bricoler son bateau, l’entretenir et l’optimiser, c’est fait pour l’ingénieure en moi ! Mener des expériences pour tester et valider ses configurations de voiles, les régler au millimètre, aller chercher des informations ultra-précises sur les tensions de gréement ou l’orientation des safrans, c’est fait pour la chercheuse en moi !

Et toutes ces nuits en mers, ces courses où l’adrénaline nous pousse bien au-delà de nos limites physiques et mentales… Ces combats acharnés sur l’eau, ces amitiés si fortes qui se lient sur les pontons… Le fameux ‘Esprit Mini’ est là, c’est une véritable fratrie qui se soutient pour que tous soient au départ et à l’arrivée. Portée par cet élan, je me sens pousser des ailes : moi aussi j’en suis capable !