Voilà bientôt une semaine que nous sommes coincés à Cascais. Après une navigation mouvementée, l’arrivée était magique: nous avons accosté au petit matin. Ah l’arrivée… Ce moment indescriptible où tu poses pied dans un autre pays, après avoir parcouru toute cette distance à la seule force de tes bras. C’est un immense sentiment de fierté, d’auto-accomplissement, comme un randonneur qui atteint un sommet. Indescriptible certes, mais on peut en faire une bonne lecture sur ma tête ravie (1).

Léa la douce s’est empressée de lancer une tournée de pancakes ! Enfin, manger solide après 5 jours de mal de mer ! Pas si vite! J’ai eu le droit à une petite journée de mal de terre. Si si, ça existe. Probablement pour nous rappeler qu’on est toujours mieux en mer. Mais qu’importe, dès le lendemain je prends ma revanche (2) !

Nous sommes restés un temps au port pour effectuer des réparations et de l’entretien du bateau. Monter au mât pour vérifier le gréement (les câbles qui le tiennent debout), vérifier l’équipement de sécurité, changer quelques pièces abîmées, etc. J’apprends énormément, car c’est une chose de connaître les livres par coeur, c’en est une autre de les appliquer, surtout quand le sort de toute une famille se joue sur nos conseils ! Bientôt nous voilà prêts à repartir ! Sauf que l’Atlantique fait des siennes et la météo s’est sacrément gâtée pendant notre séjour à terre. (3)

Les concurrents de la Route du Rhum 2018 s’en souviennent ! D’ailleurs l’un d’entre eux, Yannick Bestaven sur l’Imoca Maître CoQ vient de nous rejoindre à Cascais et il ne pourra pas repartir. Je l’ai croisé hier au bar du port, on lisait une immense détresse sur son visage. Quatre ans de préparation pour que le rêve s’arrête avec une tempête. C’est le sort qui guette tous les coureurs au large, et l’expression de son visage est restée gravée en moi. Marins, pêcheurs, croisièristes ou coureurs, nous sommes tous aussi minuscules devant l’océan.

Mais nous, on n’est pas en course, alors on profite du mauvais temps pour découvrir Cascais (4, 5 et 6), cette ville si mignonne, dont les rues s’appellent “bécots” (7).

On a aussi visité Lisbonne, ville pavée, tout en reliefs , sous la pluie …. Note à moi-même, prendre mes bottes en caoutchouc pour ne pas avoir les pieds trempés: chouette. Glisser et dévaler les collines de la ville sur les fesses: moins chouette. Enfin, j’ai tout de même doublé un fameux tramway jaune dans une descente ! Si ça ne vaut pas une médaille, je ne sais pas quoi faire !

Le voyage, c’est aussi de chouettes rencontres, comme ces 5 étudiants français qui ont cassé leur tirelire pour retaper un vieux bateau ensemble et partir traverser l’Atlantique. Ils partent avec trois fois rien et leurs sourires. Ils rentreront probablement avec leurs meilleurs souvenirs . Et si la vie était aussi simple que cela ?

En attendant, les vagues s’abattent violemment sur la digue du port et on admire le spectacle. C’est aussi impressionnant vu de l’intérieur(1) que de l’extérieur.

On guette maintenant une fenêtre météo pour la prochaine étape: Madeira !